AURORE

Publié le par LAURENCE NOYER

L’Aurore : 23 mai 1910, mort de Jules Renard « Les désolantes nouvelles que nous enregistrions hier soir au sujet de la santé de Jules Renard ne laissaient place à aucun espoir. L’évènement n’a pas tardé à les confirmer, puisque c’est dans la nuit même, vers 1h et demie du matin, que l’illustre écrivain a succombé à la grave attaque d’artériosclérose dont il était atteint. Jules Renard est né en 1864 à Chalon-sur-Mayenne, mais comme il le disait lui-même, par un de ces hasards de la vie errante de son père qui était entrepreneur de travaux publics. Il fit ses études au lycée de Nevers, puis vint les achever à Paris, à l’institution Massin, où il prépara ses examens pour l’Ecole normale. Il n’entra pas pourtant dans l’enseignement comme il l’avait tout d’abord souhaité. Il étudia le droit et subit aussi le concours d’admissin à la Compagnie de l’Est. Mais entre temps, déjà, il rimait, publiait des vers, s’enthousiasmait pour les romantiques, revenait aux classiques, écrivait des articles, s’essayait dans la critique littéraire… et, au demeurant, se débattait au milieu des difficultés d’une situation assez précaire. La vie lui réservait des revanches. En 1888, il donna le premier recueil de ses nouvelles, Crime de village, où l’on pouvait noter déjà la vigueur de son observation. Mais les cénacles littéraires consacrèrent sa réputation seulement lorsqu’il publia Poil de Carotte et les Poules. Dès lors, la série de ses œuvres s’allongea patiemment : Coquecigrues, la Lanterne sourde, le Vigneron dans sa vigne, l’Ecornifleur, qu’il mit plus tard en scène, sous le nom de Monsieur Vernet et que créa Antoine, etc. Mais la popularité, l’intérêt du grand public et de la masse ne lui vinrent qu’après Poil de Carotte – et peut-être en cette circonstance faut-il tenir compte d’une interprétation étincelante et laisser au Théâtre Libre, à Mmes Eugénie Nau et Suzanne Després la part qui leur revient dans l’étonnante portée de cette œuvre dramatique – et avec les Histoires naturelles qui sont de purs chef-d’œuvres classiques. Cet artiste prestigieux était aussi un philosophe, un philosophe très sage, si l’on s’en rapporte à une autobiographie que M. Joseph Galtier publie dans le Temps. Les obsèques seront célébrées aujourd’hui lundi, à trois heures un quart de l’après-midi. Le corps sera directement transporté à la gare de Lyon, d’où il sera dirigé sur Chaumot, par Corbigny, où aura lieu l’inhumation. M. Jules Renard était maire de la commune où il va reposer. On se réunira à la maison mortuaire, 44 rue du Rocher. »

Publié dans MORT

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article