SARRADIN

Publié le par LAURENCE NOYER

Edourd Sarradin : Le Journal des débats politiques et littéraires, 24 mai 1912 « Poil de Carotte » (théâtre) « La Comédie française s'est honorée en nous donnant, hier, Poil de Carotte et Iphigénie. Mais il eût fallu nous jouer Iphigénie avant Poil de Carotte. L'humaine comédie a fait quelque tort moral à l'inhumaine tragédie. Il y a longtemps déjà que l'acte de Jules Renard est classé parmi les chefs-d'œuvre de la littérature dramatique. C'est une grande petite pièce où l'on ne peut rire que les larmes aux yeux. Elle grandit chaque fois
qu'on l'entend, car chaque fois elle est plus poignante, Comme si elle révélait des profondeurs nouvelles. Combien de pièces contiennent autant de vérités ? Poil de Carotte, dans sa réalité particulière, dans sa simplicité, est une œuvre de signification, si large, qu'on ne peut s'empêcher de voir sous un aspect symbolique les trois personnages qui l'animent.
M. Lepic, Mme Lepic et le petit François résument en eux en quelque sorte une grande part de la misère du monde. Jamais Mme Lepic n'avait été jouée aussi « symboliquement » qu'elle le fut hier par Mme Fayolle. Mme Fayolle semble avoir été créée pour ce rôle-là. Je veux dire qu'elle l'a composé à merveille. Elle donne froid. On avait déjà M. Bernard dans M. Lepic à l'Odéon. Il y a toute la bonhomie « rentrée » qu'il faut, il y est simple et juste. Poil de Carotte c'est Mlle Leconte, garçon un peu « poitrinant », mais si vrai toutefois! Comme elle
a bien exprimé, sans trop cesser de sourire, toute l'émotion du rôle. Quelle finesse, quelle gentillesse, quelle exquise façon de cacher son âme tout en la montrant Et Mlle Dussanne représente la domestique confidente d'une façon bien spirit
uelle.

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