BORDEAUX

Publié le par LAURENCE NOYER

Henry Bordeaux : La Revue Hebdomadaire, 22 juin 1912 « Poil de Carotte » (théâtre) « Poil de Carotte a obtenu les honneurs du triomphe. On l’a sacré chef-d’œuvre… le cas de Poil de Carotte est exceptionnel et monstrueux… on nous met en présence, sans explications, d’une mère qui n’est pas une mère. Là est l’exceptionnel, le monstrueux… Je trouve, moi aussi, que Poil de Carotte renferme une manière de chef-d’œuvre, de petit chef-d’œuvre… Poil de Carotte est la transcription, avec beaucoup d’exactitude et une sorte de poésie sobre et précise, du plus naturel et du plus simple des sentiments, le sentiment de la famille. Poil de Carotte est le merveilleux poème de la naissance d’un père à la paternité[...] le théâtre simplifie trop… le dialogue dont chaque mot porte, garde son caractère renfrogné, amer, ironique et bon au fond…là est la trouvaille involontaire de Jules Renard. M. Lepic, quand il connaît son fils, s’accuse de ses propres torts : il éprouve quelque nécessité de rendre justice à sa femme, il devine la misère de cœur où celle-ci est tombée, il empêche Poil de Carotte de la maudire tout à fait, il éveille chez l’enfant l’idée que sa mère pourrait bien aussi être malheureuse de ne pas donner du bonheur. Tout retombe sans doute : il est bien tard, mais un instant la famille s’est reconstituée. Ainsi Mme Lepic et Poil de Carotte ne sont que l’intrigue nécessaire pour permettre à l’auteur l’analyse d’un sentiment très normal et très naturel : le sentiment paternel. »

Publié dans poil de carotte

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