SINGLEHEARTED

Publié le par LAURENCE NOYER

Single-Hearted,La Croix du Nivernais, 2 novembre 1913 « À cette occasion, tout est mis en œuvre pour que la ville de Corbigny, où les processions religieuses sont interdites, pavoise, illumine et fasse grand. Sans nier le talent ni une certaine originalité de Jules Renard, on peut tenir pour certain qu’il ne serait pas sorti de l’obscurité, où il ne tardera pas à disparaître, s’il n’avait été un fidèle et presque un apôtre de la laïque. C’est le titre, à l’heure actuelle, qui prime tous les autres. L’ère des scandaleuses apothéoses n’est pas encore à la veille de se fermer [...] Dussé-je être honni par les Snobs, je dirai ce que personne encore n’a osé dire : “Poil de Carotte est un livre abominable”. Rien de plus odieux, rien de plus répugnant que cette histoire d’un enfant qui déteste sa mère. “Tes père et mère honoreras”. Ce n’est pas seulement le Décalogue, c’est la conscience universelle qui le proclame, chez les Païens, chez les Bouddhistes, chez les Musulmans, chez les philosophes les plus épris du paradoxe, chez les sauvages les plus abrutis la piété filiale parle le même langage [...] Son Écornifleur révèle une mentalité spéciale, un esprit mal équilibré. Du moins, la raison raisonnante, contre qui M. Taine a écrit de si éloquents réquisitoires, n’est pas le fait de Jules Renard. Est-ce pour cela qu’il a piteusement échoué quand il s’est présenté à l’École Normale ? Pas celle de Varzy, celle de la rue d’Ulm [...] Au moins les adulateurs du faux grand homme devraient-ils mettre un peu de mesure dans leurs louanges. C’est ce que n’a pas fait certain panégyriste qui écrit dans la Revue de Paris. Les Histoires naturelles, régal de primaire et non de lettré, lui plaisent à tel point qu’il égale Jules Renard à La Fontaine. À La Fontaine, le plus pénétrant des moralistes, le plus riche et le plus complet des poètes ! Voulez-vous un ou deux échantillons des merveilles si risiblement exaltées : « Les violettes : Nous sommes toutes officiers d’Académie - Soyez modestes
“Le Serpent - trop long !” Alceste s’écrierait, s’il pouvait revivre : “Morbleu ! Vil complaisant, vous louez des sottises” À défaut d’autre mérite, Jules Renard a eu celui de haïr d’une haine tenace et venimeuse l’Église et le Clergé. Le mari de la Bigote, déplorant son malheureux sort, se trouve plus à plaindre que si sa femme était infidèle. “Plutôt l’amant que le prêtre !” s’écrie-t-il. Voilà à quoi aboutit la rage anticléricale, pour laquelle jusqu’ici aucun Pasteur n’a découvert de sérum !».

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