François Caradec : « Jules Renard, articles de sympathie » (préface)

Publié le par LAURENCE NOYER

François Caradec : « Jules Renard, articles de sympathie » (préface) « De son vivant, le lecteur ne connaissait qu’un titre : Poil de Carotte. Et encore, parce que le livre avait été adapté au théâtre : un spectacle est moins fatiguant qu’une lecture. Tant il est vrai que de la plupart des écrivains on ne retient qu’un livre. De Jules Renard aujourd’hui c’est le Journal, qui n’était pour lui qu’un cahier d’observations et de recettes d’atelier, qu’il ne destinait d’ailleurs pas à la publication et nous est parvenu tronqué par la bêtise de sa veuve. Ne nous plaignons pas de ce qu’il en reste, mais qui cache la forêt. On y lit des règles de l’art qui n’ont pas pris un cheveu gris. « Pour décrire un paysan, il ne faut pas se servir de mots qu’il ne comprend pas. « Moins il y a de paysans aujourd’hui dans nos campagnes, plus c’est exact. C’est de ce Renard-là dont on parle encore : Jules Renard à la campagne. Il faut naturellement apporter quelques nuances : il y a bien sûr de Nos frères farouches chez les paysans de nos campagnes ; mais les Histoires naturelles sont mieux à leur place dans les résidences secondaires. On en oublie un peu Jules Renard à la ville : celui qui habite rue du Rocher, actionnaire d’une revue littéraire, l’auteur dramatique qui fréquente les coulisses des théâtres et les salles de rédaction des grands quotidiens, dont les amis sont des boulevardiers avec lesquels il aiguise ses « mots » aux terrasses des cafés… Pour ses amis et ceux qui peuvent le devenir, Jules Renard écrit des « articles de sympathie » personne ne semble avoir employé ce qualificatif avant lui. Il couve bien des amitiés, mais ce sont naturellement des amitiés littéraires, Vallette, Trézenick, Bosdeveix, Reynaud. Tiens ?Ce sont surtout des éditeurs et des directeurs de revues… Pour Jules Renard seule compte la littérature. Dans le champs littéraire, il ne laisserait pas une amitié en jachère. »

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